Naïla Boudiaf
Présentation générale
Notre atelier avait pour
thème les 5 sens. L’objectif principal de cet atelier était de pousser les enfants
à prendre conscience des étapes de leur raisonnement durant la résolution de
problème. Dans ce contexte les enfants avaient entre 5 et 6 ans, ils avaient
déjà eu une introduction aux 5 sens l’année précédente, et font des expériences
scientifiques régulièrement avec leurs institutrices. Le travail supplémentaire
a été de leur faire prendre conscience de la démarche scientifique, c’est-à-dire
les mettre face à un problème, leur faire poser des hypothèses qu’ils auront
envie de tester pour savoir s’ils ont raison ou pas, puis concevoir l’expérience
et interpréter les résultats. La pose du problème s’est faite en confrontant
l’élève aux limites de ses sens pour avoir certaines informations sur son
environnement afin qu’il découvre par lui même que, pour avoir une information particulière,
il va avoir besoin d’un sens particulier. Le teste de l’hypothèse est
simple : est-ce que l’utilisation du sens proposé permet de récupérer l’information
recherchée ou pas ?
La séquence était composée de 6 séances (2 pour le goût, 1 pour l’odorat, 1
pour la vision et 2 pour le toucher). Chaque séance durait 20 minutes environ.
La méthode utilisée était globalement la même pour toutes les séances, elle ne
sera donc pas détaillée à chaque séance.
Séances 1 et 2
Objectifs :
· introduction à la démarche scientifique (identification
de quelques concepts initiaux sur la science, et prise de conscience sur les
étapes de raisonnement dans la résolution de problème).
· découverte de l’organe du goût.
· Découverte des saveurs : salé, sucré, acide,
amer ; acquisition du vocabulaire.
Déroulement de séance :
-
Nous avons
commencé par poser la question suivante : « C’est quoi la
science ? »
A cette
question nous avons eu différentes réponses intéressantes, voici quelques
exemples ci-dessous :
- Cette discussion a été l’occasion pour nous d’expliciter la démarche scientifique avec les élèves, c’est à dire :
1.
Nous nous
posons une question (à partir d’une observation, ou d’un problème posé).
2.
Nous émettons
des hypothèses sur les réponses possibles à cette question.
3.
Nous testons
ces hypothèses au travers d’expériences scientifiques.
4. Enfin, nous
analysons et discutons nos résultats pour vérifier nos hypothèses (en d’autres
termes, savoir si nous avions raison ou pas !)
-
Ensuite, mise
en application ! Nous avons disposé
3 gobelets identiques sur la table. Le 1er contenait de l’eau plate,
le 2ème de l’eau pétillante aromatisée au citron et le dernier de l’eau pétillante
aromatisée à la menthe.
-
Nous avons
demandé aux élèves si selon eux, les liquides contenus dans les gobelets
étaient identiques ou différents. La réponse pressentie par la plupart des
élèves était « différents ». En effet, il était facile de voir à
l’œil que l’eau plate était différente des 2 autres, mais alors comment faire
pour savoir si les 2 autres gobelets contenait la même boisson ou pas. Les élèves se sont retrouvés face à la limite
du sens de la vision et l’un deux a fini par dire « On ne peut pas savoir,
il faut goûter ! ». L’élève a compris par lui même ce qu’il devait
faire pour tester son hypothèse.
-
Nous avons
donc testé l’hypothèse en faisant goûter les 3 boissons aux élèves.
-
Enfin, nous
avons fait une petite synthèse de la séance en posant les questions
suivantes : (Qu’est ce qu’on vient de faire ? Pourquoi ? et
qu’est ce qu’on a appris ?).
Rq : Nous avions également travaillé sur la
distinction entre bouche et langue pour le goût. Nous avions également insisté
sur les règles de sécurité, c’est à dire qu’on ne devait pas systématiquement
tout goûter, certaines choses pouvant êtres nocives pour notre santé.
-
A la séance 2, nous avons commencé par rappeler ce qui a été vu
à la séance précédente, l’information principale retenue étant « la langue
est l’organe du goût ».
-
Puis nous avons posé le même problème
« Vous avez devant vous plusieurs gobelets, qu’y-a-t-il
dedans ? ».
- Ensuite,
nous avons fait goûté les différentes
saveurs aux enfants qu’ils devaient identifier, comme représenté
ci-dessous :
-
Nous
laissions le temps aux enfants de chercher, faire le lien avec ce qu’ils
connaissaient. Les moyens avaient moins de vocabulaire que les grands, ils
s’exprimaient plus en terme de bon vs. pas bon, alors que les grands faisaient
plus de liens avec leur connaissances existantes, par exemple, ça pique (pour
acide ou eau gazeuse), c’est l’eau de mer (pour salé), ça sent comme papa le
matin (pour café), c’est du miel (pour sucré), c’est de la vinaigrette (pour le
vinaigre) etc.
-
Comme
précédemment, la séance se termine toujours par une discussion de synthèse.
Séances 3
Objectif:
·
découverte de
l’organe de l’odorat et identification des différentes senteurs
Déroulement de séance :
-
Les séances
commençaient de la même manière que pour les séances précédentes.
- Ensuite, nous avons disposé des petits sacs devant
les enfants. Ces sacs contenaient différents produits (savon, ail, fromage,
lavande, parfum et café).
- Cet exercice étant plus
difficile que pour le goût, les enfants ont eu besoin de plus de temps. La
séance s’est terminée par une synthèse sur ce qu’ils avaient senti.
Séances 4
Objectifs:
· découverte de l’organe de la vision et la nécessité
de la lumière pour voir (notamment les couleurs).
·
Mise en
évidence de l’illusion d’optique par le phénomène de persistance rétinienne.
Déroulement de séance :
-
Les séances
commençaient de la même manière que pour les séances précédentes, avec un rappel.
- Ensuite, nous avons bandé les yeux des élèves avec
des masques (ce qui marche moyennement bien avec les petits !), nous avons
mis un ballon au milieu de la table et avons demandé aux enfants d’identifier
l’objet. Tous les élèves ont reconnu le ballon.
- Suite à ça la question était « quelle est la
couleur du ballon ? ». Là, les élèves ont vite compris qu’ils avaient
besoin de voir pour avoir cette information.
- Enfin, nous avons fabriqué des thaumatropes à
élastiques (le poisson dans le bocal, ou l’oiseau qui s’envole de la cage).
- A la fin de la séance, on a discuté du fait qu’on
pouvait voir le poisson dans le bocal alors qu’il n’y était pas en réalité, en
utilisant des termes simples, par exemple en disant que l’œil est comme un
appareil photo qui se souvient du bocal et qui va mettre par dessus la photo du
poisson.
Rq : Cette activité a
été très appréciée par les élèves, ils se sont montrés très créatifs pour faire
tourner leurs thaumatropes le plus rapidement possible.
Séances 5 et 6
Objectif:
· découverte de l’organe du toucher qui est la peau
(et non les mains).
· Mise en évidence des types d’informations que l’on
peut recueillir avec ce sens (forme des objets, textures, et température).
·
Acquisition
du vocabulaire : doux, rugueux, lisse, piquant, dur, mou, collant.
Déroulement de séance :
-
Nous avons
commencé par un jeu d’identification de formes et de textures. Les enfants avaient un sac
contenant différents objets.
- Un élève saisit un objet, le décrit, essaye de
deviner ce que c’est, le sort du sac, et les autres élèves doivent retrouver le
même objet dans leur sac, sans regarder évidemment.
- A la
séance 6, nous avons
travaillé sur le toucher et la température. Les enfants touchaient des
bouteilles d’eau identiques qui étaient soit froide soit chaude pour distinguer
la température des deux.
- Ensuite, ils touchaient un carreau de faïence
(froid), avec l’avant bras couvert pour qu’ils constatent qu’ils ne sentent
rien. En découvrant l’avant bras ils constatent que c’est froid. Les enfants
découvrent alors qu’ils utilisent leur peau (qui recouvre tout leur corps) pour
apprécier la température.
- Nous avons clôturé cette séquence par une synthèse sur la nécessité des 5 sens pour connaître le monde qui nous entoure, et les différents organes qui sous-tendent chaque sens, et bien sûr un rappel de l’utilité des expériences scientifiques
Points forts de cette aventure
Lors de cette expérience,
j’ai pu voir tout le bénéfice que l’on pouvait tirer de la collaboration entre
enseignants et scientifiques dans la mise en place de petits ateliers
d’apprentissage pour les enfants. J’ai réalisé que j’étais trop dans ma
démarche scientifique, à vouloir concevoir des expériences sans avoir
suffisamment de recul sur le comportement des enfants, alors que les
enseignantes anticipaient parfaitement les réactions de leurs élèves (leurs
capacités attentionnelles, leurs motivations etc.).
J’ai pu voir que mêmes
tout petits, les enfants réfléchissent énormément et se posent des questions continuellement.
Je cite Guillaume-Antoine, élève de moyenne section qui vient me voir en fin de
séance et me dit: « je veux continuer à discuter avec toi, pourquoi
on a goûté l’eau? »… Ceci est une belle preuve que même si nous avons
l’impression que les plus petits ont la tête dans les nuages, en réalité ils
sont tout de même attentifs à ce qui se passe autour d’eux et ils essayent de
comprendre !
Ou encore Baptiste, élève
de grande section, qui me dit « Ah ouiii, avec Nathalie on a fait une
expérience pour comprendre comment poussent les graines! », faisant
référence à une expérience faite en classe avec leur institutrice quelques
semaines avant mon arrivée. Ceci montre que Baptiste a de lui même compris
qu’il était dans une démarche scientifique, quand leur institutrice leur
faisait faire des expériences sur les conditions de germination des graines.
Dernière citation, parce
qu’il y en a beaucoup, celle de Paloma, élève de grande section, qui me dit à
la fin de l’expérience sur le goût: « la science sert à savoir qu’est ce
qui est bon pour la santé et qu’est ce qui est mauvais. », alors que nous
n’avions pas abordé cette question pendant la séance…Peut être devrions-nous
accorder plus d’importance aux représentations initiales que les enfants ont
sur certains concepts afin d’optimiser leur apprentissage.
Enfin, une dernière
observation que j’ai trouvé intéressante : le travail de groupe a eu des
effets positifs sur la mémorisation des informations. Au début de chaque
séance, nous demandions aux enfants s’ils se souvenaient de ce qu’on avait fait
la fois précédente et ils s’en souvenaient, même après les vacances de
Noël ! Ils évoquaient beaucoup de souvenir avec leurs camarades, par exemple
les blagues qu’ils se sont faites entre eux pendant les séances.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire